Les voitures électriques sont-elles si écologiques ?
Les voitures électriques sont prêtes à prendre de l'avance et à remplacer leurs cousins consommateurs d'énergie fossile dans les années à venir, alors que l'Europe est à la recherche de moyens de lutter contre le changement climatique.
Mais si ces nouveaux véhicules ne produisent pas directement d'émissions de carbone, sont-ils vraiment aussi bons pour l'environnement que nous le pensons ?
Certes elles économisent des ressources fossiles et donc des émissions de CO2, mais on peut se demander par exemple comment est produite l'électricité consommée par nos véhicules. Aussi, les composants utilisés dans les voitures électriques, y compris la batterie ou encore les métaux rares, soulèvent également des questions écologiques.
Voitures électriques et métaux rares
L'un de ces métaux des terres rares est le néodyme, qui est utilisé pour fabriquer des aimants très puissants que l'on retrouve dans tous les types de moteurs électriques. L'extraction de ces éléments génère une contamination au thorium, un élément radioactif présent dans les métaux qui peut nuire à l'environnement.
Depuis des décennies, sur tous les continents, les producteurs, extracteurs de métaux rares sont sans cesse condamnés pour des mauvaises pratiques et notamment des pollutions massives.
Aujourd'hui la Chine produit 70% des métaux rares dont le néodyme et on sait que les méthodes industrielles chinoises sont parfois loin d'être exemplaires. À la fin des années 1980, la Chine a ouvert une mine géante à Bayan Obo, qui renferme d'énormes gisements de niobium. Située à environ 700 kilomètres de Pékin, elle possède la plus grande réserve mondiale de métaux rares. Selon les experts, entre 9 600 et 12 000 mètres cubes de déchets sous forme de gaz contenant de la poussière concentrée, de l'acide fluorhydrique, du dioxyde de soufre et de l'acide sulfurique sont rejetés pour chaque tonne d'éléments des terres rares extraits. En outre, environ 75 mètres cubes d'eaux usées acides et une tonne de déchets radioactifs sont produits.
Bien que peu de recherches aient été faites sur les effets directs sur la population de Bayan Obo, une étude réalisée en 2015 par l'Institut des sciences géographiques et de la recherche sur les ressources naturelles de Beijing a révélé la grande vulnérabilité de la population à l'exposition à la poussière des métaux. L'ampleur des fouilles entourant la population est visible par satellite dans l'espace. Il est fort probable que l'appareil que vous utilisez pour lire cet article a été fabriqué avec des éléments de la mine chinoise. Si depuis quelques décennies on utilise le néodyme dans les appareils numériques, aujourd'hui ce sont les voitures électriques qui concentrent son utilisation.
Un moteur de voiture électrique sans aimants ?
"Peut-on vivre sans néodyme ? J'en doute fort. C'est le meilleur élément que nous connaissons pour fabriquer des aimants et je ne pense pas que nous trouverons mieux que le néodyme. Cependant, nous devons être conscients des niveaux élevés de contamination créés par son extraction "
Laurent Bellecour, ingénieur automobile, explique que les voitures électriques utilisent deux types de moteurs. D'une part, ils ont besoin d'un moteur synchrone, qui fonctionne avec des métaux rares ou des électro-aimants.
Selon Bellecour le seul constructeur automobile qui fabrique des voitures avec un moteur synchrone mais sans métaux rares est Renault parce qu'ils utilisent des électro-aimants à la place. "Ils n'ont qu'entre 90 et 110 chevaux, mais ils sont plus écologiques ", dit-il.
D'autre part, il y a les moteurs asynchrones qui n'ont pas besoin de métaux rares. Ils sont principalement utilisés par Tesla, bien que dans leur dernier modèle, ils utilisaient les métaux
Exporter la pollution des villes vers les campagnes ?
L'un des principaux objectifs des voitures électriques est d'améliorer la qualité de l'air que les citoyens respirent, principalement dans les zones à haute densité congestionnées par les véhicules essence et diesel. Mais si les voitures électriques ne produisent pas directement d'émissions de carbone, leur fabrication en produit.
"La fabrication d'une voiture électrique produit les mêmes émissions de CO2 que la fabrication de deux voitures à carburant ", explique M. Bellecour. Selon lui, une voiture électrique devient plus écologique après ses 30 000 à 40 000 premiers kilomètres.
"Bien que les émissions globales soient les mêmes dans les deux cas, dans un cas vous avez toutes les émissions dans une usine à plusieurs kilomètres de la ville et dans l'autre cas les émissions sont dans la ville, où les gens respirent et il y a un réel impact sur la santé".
Perspectives d'avenir
Les métaux rares semblent être là pour rester, mais même si is nous ont donné l'occasion de libérer nos voitures des combustibles fossiles polluants, nous mettons peut-être plutôt la pression sur une autre ressource limitée. Les ressources étant limitées il ne fait aucun doute que les extractions minières vont s'étendre, on pense déjà à des terres comme le Groenland, par exemple.
Toutefois, il existe aussi des méthodes d'extraction plus propres, qui ne causent pas de graves dommages à l'environnement, elles ne sont pas encore industrialisables mais sont en cours d'élaboration. Il s'agit notamment du recyclage ou du contrôle des rejets d'acides utilisés lors de l'extraction au moyen d'autres produits qui les neutralisent ou réutilisent le C02 produit.